Les lilas

Quand je vais chez la fleuriste
Je n’achèt’ que des lilas
Si ma chanson chante triste
C’est que l’amour n’est plus là.

Comm’ j’étais, en quelque sorte
Amoureux de ces fleurs-là
Je suis entré par la porte
Par la porte des Lilas.

Des lilas, y’en avait guère
Des lilas, y’en avait pas
Z’étaient tous morts à la guerre
Passés de vie à trépas.

J’suis tombé sur une belle
Qui fleurissait un peu là
J’ai voulu greffer sur elle
Mon amour pour les lilas.

J’ai marqué d’une croix blanche
Le jour où l’on s’envola
Accrochés à une branche
Une branche de lilas.

Pauvre amour, tiens bon la barre
Le temps va passer par là
Et le temps est un barbare
Dans le genre d’Attila.

Aux cœurs où son cheval passe
L’amour ne repousse pas
Aux quatre coins de l’espace
Il fait l’ désert sous ses pas.

Alors nos amours sont mortes
Envolées dans l’au-delà
Laissant la clé sous la porte
Sous la porte des Lilas.

La fauvette des dimanches
Cell’ qui me donnait le la
S’est perchée sur d’autres branches
D’autres branches de lilas.

Quand je vais chez la fleuriste
Je n’achèt’ que des lilas
Si ma chanson chante triste
C’est que l’amour n’est plus là.

G. Brassens, 1957

IV (1955-1957)
Je m’suis fait tout p’tit For A Little Doll
L’amandier The Cherry Tree
Oncle Archibald Uncle Archie
Les lilas
Au bois de mon cœur In My Heart’s Backyard
Celui qui a mal tourné One Bad Egg
Les Philistins

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