NOTE
Brassens waited eight years to finish and record his magnum opus. Since then he has made it clear that the song’s specific burial beach of his native town was just an image and not to be taken literally. So I didn’t.
Français
Brassens s’est fait fort d’expliquer que la plage de Sète c’était une image, pas un souhait littéral et qu’il n’en avait vraiment rien à foutre d’être enterré sur la plage de la Corniche. Il n’en est pas loin maintenant, au cimetière du Py qui fait une jolie addition à sa ballade des cimetières. L’idée, c’est l’idée qui compte. Donc plutôt que de confondre l’auditeur étranger avec une plage qui ne représente rien pour lui, je lui en offre une autre, fictive, imaginaire et plus réelle à la fois (et infiniment plus attirante que la plage de la Corniche, laquelle mérite à peine un si beau détour, disons-le franchement).
Lady Death who never, or so the story goes
Forgave me for sowing wild flowers in her nose
Shadows me like an imbecile
And as friends around me started to drop like flies
The time had come, I thought, my will to finalize
By appending this codicil.
Into the turquoise ink of a tranquil lagoon
Dip at your will your quill, O learned legal goon
And with your finest penmanship
Terms of my disposal lay down onto parchment
For when my heart and soul have reached an agreement
To take a shore leave, to jump ship.
The day when my spirit takes to the skies and scrams
Relieving my body of some twenty-one grams
As a good Swedish doctor said
May my remains be lain onto a sleeping berth
And ride the Night Express towards my place of birth
To start anew amongst the Dead.
The old family vault is cozy with no frills
But unfortunately it is packed to the gills
And ere one punches out the clock
I will be well advanced in decomposition
Still, I could not declare with youthful ambition
Squeeze in the for the new kid on the block!
Whence the track meets the sea I would stand to reason
That a good resting place lies on the horizon
On an unpopulated strand
Please just ask the dolphins who grew up at my side
Whether they would kindly give my body a ride
Yonder to a desert island.
Until we find a beach bless’d with a clement tide
Where the gods of the sea seldom thunder or chide
Where should a wreck ever occur
The captain would exclaim: “There’s no need to panic
This is the perfect spot for a life-long picnic
Let’s all this paradise conquer!”
It was in such a place, as a sap-filling boy
Having outgrown playing with Onan’s favourite toy
That I encountered my first love
Out of the endless blue a mermaid washed ashore
And taught me my maiden lesson in woman lore
Oceans inside, and clouds above.
While there is some merit in scattering at sea
One’s last burnt offerings for nobody to see
I feel more kinship with the land
And while a great poet found meaning in an urn
I would humbly prefer when come my resting turn
To dig my heels into the sand.
A graceful grave huddled between the sea and sky
Need not convey sadness nor be hard on the eye
Whenever sunbathers cavort
Conveniently, behind my headstone mothers will
Change into bathing suits, while their little boys trill:
“Look Ma: a sandcastle! A fort!”
Is it asking too much that on my modest plot
You plant a spreading tree for times when it is hot
Something leafy and exquisite
That will provide a bit of appreciated shade
For surviving loved ones who brave the seas and wade
In to pay me a little visit?
Gathering momentum from a faraway breeze
Building up their current across the seven seas
The great winds and the ocean streams
Above head will circle and all around me whirl
Bringing scents and echoes of a beloved world
To populate my endless dreams.
And if on my sandy and comfortable lap
A siren lies herself down for a little nap
Wearing but her pelagic skill
May I be forgiven if the shade of my cross
And her most intimate region happen to cross
For a fleeting posthumous thrill.
Poor enlightened pharaohs in pyramids confined
Misguided emperors in pompousness enshrined
Poor ashes on history’s way
You will come to envy the everlasting fate
Of one who reposes in a vacation state
Who spends his death on holiday
You will come to envy the everlasting fate
Of one who reposes in a vacation state
Who spends his death on holiday.
© Didier Delahaye, 2004
La Camarde qui ne m´a jamais pardonné
D´avoir semé des fleurs dans les trous de son nez
Me poursuit d´un zèle imbécile
Alors cerné de près par les enterrements
J´ai cru bon de remettre à jour mon testament
De me payer un codicille.
Trempe dans l´encre bleue du Golfe du Lion
Trempe, trempe ta plume, ô mon vieux tabellion
Et de ta plus belle écriture
Note ce qu´il faudrait qu´il advint de mon corps
Lorsque mon âme et lui ne seront plus d´accord
Que sur un seul point : la rupture.
Quand mon âme aura pris son vol à l´horizon
Vers celle de Gavroche et de Mimi Pinson
Celles des titis, des grisettes
Que vers le sol natal mon corps soit ramené
Dans un sleeping du Paris-méditerranée
Terminus en gare de Sète.
Mon caveau de famille, hélas ! n´est pas tout neuf
Vulgairement parlant, il est plein comme un œuf
Et d´ici que quelqu´un n´en sorte
Il risque de se faire tard et je ne peux
Dire à ces braves gens : poussez-vous donc un peu
Place aux jeunes en quelque sorte.
Juste au bord de la mer à deux pas des flots bleus
Creusez si c´est possible un petit trou moelleux
Une bonne petite niche
Auprès de mes amis d´enfance, les dauphins
Le long de cette grève où le sable est si fin
Sur la plage de la corniche.
C´est une plage où même à ses moments furieux
Neptune ne se prend jamais trop au sérieux
Où quand un bateau fait naufrage
Le capitaine crie : “Je suis le maître à bord
Sauve qui peut, le vin et le pastis d´abord
Chacun sa bonbonne et courage”.
Et c´est là que jadis à quinze ans révolus
A l´âge où s´amuser tout seul ne suffit plus
Je connu la prime amourette
Auprès d´une sirène, une femme poisson
Je reçu de l´amour la première leçon
Avalai la première arête.
Déférence gardée envers Paul Valéry
Moi l´humble troubadour sur lui je renchéris
Le bon maître me le pardonne
Et qu´au moins si ses vers valent mieux que les miens
Mon cimetière soit plus marin que le sien
Et n´en déplaise aux autochtones.
Cette tombe en sandwich entre le ciel et l´eau
Ne donnera pas une ombre triste au tableau
Mais un charme indéfinissable
Les baigneuses s´en serviront de paravent
Pour changer de tenue et les petits enfants
Diront : chouette, un château de sable !
Est-ce trop demander : sur mon petit lopin
Planter, je vous en prie une espèce de pin
Pin parasol de préférence
Qui saura prémunir contre l´insolation
Les bons amis venus faire sur ma concession
D´affectueuses révérences.
Tantôt venant d´Espagne et tantôt d´Italie
Tous chargés de parfums, de musiques jolies
Le Mistral et la Tramontane
Sur mon dernier sommeil verseront les échos
De villanelle, un jour, un jour de fandango
De tarentelle, de sardane.
Et quand prenant ma butte en guise d´oreiller
Une ondine viendra gentiment sommeiller
Avec moins que rien de costume
J´en demande pardon par avance à Jésus
Si l´ombre de ma croix s´y couche un peu dessus
Pour un petit bonheur posthume.
Pauvres rois pharaons, pauvre Napoléon
Pauvres grands disparus gisant au Panthéon
Pauvres cendres de conséquence
Vous envierez un peu l´éternel estivant
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant
Qui passe sa mort en vacances.
Vous envierez un peu l´éternel estivant
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant
Qui passe sa mort en vacances.
Georges Brassens, 1966
IX (1966)
Supplique pour être enterré à la plage de Sète Supplication To Be Buried On The Shores Of A Faraway Isle
Le fantôme Ghost Story
La fessée Spanking
Les quatre bacheliers Four Sophomores
Le bulletin de santé Bill of Health
La non-demande en mariage Non Proposal
Le grand chêne The Oak Tree
L’épave A Wreck
Le moyenâgeux Middle-Ages Crisis